La BCE est consciente de ce problème structurel et elle précise même qu’elle “pourrait encore subir des pertes dans les années à venir“. Le Fonds monétaire international (FMI) a dès 2023 pointé ce risque résultant de la juxtaposition de positions à taux fixes et à taux variables. La BCE se montre pourtant rassurante et précise que, s’il y avait des pertes dans le futur, elles devraient être plus faibles à cause de l’actuel mouvement de détente monétaire qui allège la facture pour la BCE du côté de son passif.
Et, malgré les pertes records, la BCE fait état d’une hausse de ses fonds propres nets : ils ont augmenté de 12,1% à 50 milliards d’euros par rapport à 2023. La raison principale en est la hausse en valeur de son stock d’or. Le cours de l’or a nettement progressé en 2024.
Les pertes de la BCE ne sont cependant pas sans risques. D’abord, elles impliquent l’absence de dividendes versés aux banques centrales nationales et donc aussi aux trésors nationaux. Ensuite, ces pertes peuvent aussi fragiliser la confiance en la capacité de la banque centrale de lutter efficacement contre l’inflation. La juxtaposition taux fixe-taux variables ne va pas rapidement disparaître, ce qui peut peser sur la conduite de la politique monétaire : la rendre plus restrictive peut paraître moins attractif car une nouvelle hausse des taux risquerait d’alourdir les pertes de la BCE.