le regard de Gilles Eyquem et Patrice Lair sur les Bleues avant l’Allemagne

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L’un a entraîné les sélections tricolores U19 et U20 de 2012 à 2020, devenant champion d’Europe à trois reprises avec les cadres des Bleues actuelles (Mbock, Diani en 2013, Katoto, Cascarino, Geyoro, Karchaoui, Matéo, Bacha en 2016, Lakrar, Baltimore, Malard en 2019). L’autre les a vues arriver lorsqu’il coachait Lyon (2010-2014) et le Paris SG (2014-2016) avant de les affronter avec les Girondins (2021-2024).

Gilles Eyquem, ancien conseiller technique régional de la Ligue Nouvelle-Aquitaine, et Patrice Lair, désormais en poste à Toluca (Mexique), donnent leur regard sur l’équipe de France féminine : après le sans-faute de la première phase, les Bleues affrontent l’Allemagne en quart de finale samedi (21 heures) à Bâle.

1 Le visage du premier tour

« Par rapport aux Jeux olympiques (défaite 0-1 en quart contre le Brésil), il n’y a pas de comparaison, dit Gilles Eyquem. Je ne connaissais pas bien Laurent Bonadei (sélectionneur depuis septembre 2024). Je trouve qu’il est intéressant dans les relations avec ses joueuses, l’approche du groupe. Il y a de la constance, des idées de jeu avec de la solidarité, l’envie d’aller chercher l’adversaire, de l’agressivité sur les récupérations hautes. J’avais vu ça lorsqu’Hervé Renard avait pris l’équipe (en 2023) mais ça s’était étiolé. »

Gilles Eyquem.


Gilles Eyquem.

AFP

Patrice Lair met en avant une équipe « qui n’a pas le frein à main ». « Leur grande force, c’est ce potentiel offensif avec des joueuses qui vont très vite et sont capables de faire la différence à tout moment : Cascarino et sa double accélération, Katoto, Baltimore, Diani… Si elles sont solides derrière, en transition, elles font mal. »

Le technicien met juste un bémol sur « un manque de maîtrise au milieu » et, comme Gilles Eyquem, pointe une arrière-garde « un peu jeune lors des deux premiers matchs » en l’absence de la capitaine Mbock (de retour) mais « qui a tenu ».

2 Le choix de se passer
des « anciennes »

À Toluca, Patrice Lair a retrouvé l’ex-capitaine des Bleues Amandine Henry (36 ans) et a vu arriver Eugénie Le Sommer. Cette dernière (36 ans), meilleure buteuse de l’histoire des Bleues, n’a pas été appelée, comme Wendie Renard (34 ans) ou Kenza Dali (33 ans) : des choix forts de Laurent Bonadei, tournant la page d’une génération qui a accumulé les titres en club mais n’a rien gagné en Bleu. « J’ai mis un message d’encouragement à Laurent. Je l’ai dit aussi à Eugénie : si j’avais été à sa place, je n’aurais pas fait pareil car j’aurais jugé que c’était un manque de respect, estime Patrice Lair. Aujourd’hui les résultats le confortent. Peut-être que certaines jeunes ont pris plus de confiance. »

Patrice Lair.


Patrice Lair.

SUD OUEST

Gilles Eyquem observe juste « un groupe homogène, qui vit bien ensemble ». « Je pense que le sélectionneur a aussi déjà dans la tête la prochaine Coupe du monde en 2027 », poursuit l’ex-défenseur des Girondins. Les Bleues sont désormais toutes issues de l’effort de fond effectué dans les années 2010 par la Fédération. « J’avais dit que l’important, en plus de la formation dans les clubs, était de leur amener la compétition au haut niveau, l’habitude de vivre ensemble un mois et d’aller au bout. Aujourd’hui, elles sont habituées à ça et croient en elles. »

Patrice Lair pointe des leaders « comme Mbock, Majri, Diani qui ont du vécu » et des « jeunes comme Lakrar, Sombath, sérieuses et qui ont pris de l’expérience aux côtés d’anciennes en club. » Gilles Eyquem savait « qu’il y avait de la qualité » et a découvert Lou Bogaert « intéressante à chaque fois qu’elle rentre. » Le Bordelais se réjouit de retrouver Marie Antoinette Katoto « souriante, libérée ». « J’espère que ce sera sa compétition. »

3 Maintenant, les matchs couperets

L’équipe de France féminine a la mauvaise habitude de caler lors des matchs couperets. Et le programme est copieux avec, en cas de succès contre l’Allemagne, championne olympique, probablement l’Espagne, championne du monde. Mais Gilles Eyquem « y croit ». « Elles ont battu régulièrement les Allemandes en jeunes. Elles ont du caractère et un banc qui peut faire la différence. Laurent Bonadei a concerné tout le monde. Ca peut compter. »

Patrice Lair se veut aussi optimiste : « ce n’est plus la grande Allemagne et l’Espagne est moins conquérante, à l’image de la défaite de Barcelone en finale de Ligue des champions (0-1 contre Arsenal). Battre l’Angleterre, une référence, a donné de la confiance. »

Le « coup d’accélérateur » attendu ?

Le foot féminin français attend avec impatience un titre des Bleues alors que les meilleures partent à l’étranger et que derrière Lyon, le Paris SG et le Paris FC, le reste du peloton doit composer avec des coupes budgétaires. « Il y a besoin d’un coup d’accélérateur », dit Patrice Lair. Gilles Eyquem est convaincu que « Jean-Michel Aulas (en charge du secteur à la FFF) saura faire fructifier » et espère que le visage des Bleues fera des émules en D1. « J’ai vu des jolis matchs, notamment le FC Nantes. Mais d’autres clubs sont plus frileux. Les filles ont un jeu plus débridé que les garçons et il faut leur laisser ce plaisir. »



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