Sur un air de revanche ?
Coïncidence du calendrier international, la France et l’Espagne se retrouvent à nouveau en Allemagne pour une demi-finale. Lors de la précédente, l’été dernier à l’Euro, les Bleus avaient frappé les premiers avant de s’incliner logiquement (2-1) contre le futur champion d’Europe. Un an plus tard, flotte-t-il un air de revanche ?
« L’Euro, c’est un cran au-dessus (de la Ligue des nations). On ne prend pas ce match comme une revanche mais comme une nouvelle compétition, indique Ibrahima Konaté. C’est l’occasion d’aller chercher un nouveau trophée. Certains coéquipiers n’en ont pas gagné cette saison. Ça change la donne. » « Il faut juste passer ce tour et ne penser à rien d’autre, confirme Manu Koné, qui n’était pas sur la pelouse à Munich il y a onze mois. On doit être confiant et serein. »
Pour Didier Deschamps, également, il faut tourner la page. « Ce ne seront pas forcément les mêmes joueurs et on ne sera pas en demie d’un Euro. Mais le profil reste le même avec une capacité à avoir la maîtrise et de la percussion sur les côtés. Je sais à quoi m’attendre. »
Le contexte de cette fin de saison n’est d’ailleurs pas le même non plus puisque sept joueurs français (Dembélé, Thuram, Pavard, Doué, L. Hernandez, Zaïre-Emery, Barcola) ont disputé la finale de la Ligue des champions contre un seul Espagnol (Ruiz). « Il y aura plus de fraîcheur en face », assure le sélectionneur tricolore. Un paramètre qui pourrait avoir son importance.
Dembélé et Yamal, la tête au Ballon d’Or ?
Maintenant que le Ballon d’Or récompense des saisons et plus des années civiles, il n’est pas étonnant que le sujet s’impose à ce point dans l’actualité au mois de juin. A ceci près qu’il semble déjà se résumer à un duel entre deux hommes, au grand dam de Kylian Mbappé, qui se serait bien vu comme un candidat crédible grâce à son titre de soulier d’or européen. Sauf que le Madrilène n’a rien gagné, au contraire de Lamine Yamal et Ousmane Dembélé.
Alors, forcément, quand les deux favoris se retrouvent face à face sur le même terrain, le sujet prend encore plus d’importance. Surtout du côté espagnol, où Yamal est considéré à juste titre comme « un génie », ce qui suffirait à faire de lui un meilleur Ballon d’Or que Dembélé, quand bien même c’est le Parisien qui a soulevé la Ligue des Champions. Alors, dans les rangs français, la résistance s’organise. « Entre les deux, je choisis Ousmane à 100 % », tranche Deschamps. « C’est lui qui le mérite », appuie Konaté.
Un match référence en équipe de France et, pourquoi pas, un nouveau titre en cette fin de saison, pourrait permettre à l’ancien Rennais de faire pencher pour de bon la balance de son côté. Pour ce faire, il aura aussi besoin d’un petit coup de main de ses coéquipiers défenseurs, chargés de surveiller Yamal comme le lait sur le feu ce jeudi.
Très diminuée, la défense française tiendra-t-elle le choc ?
Au-delà du seul cas Yamal, la défense française sera scrutée de près ce jeudi soir à Stuttgart. Parce qu’elle n’aura pas du tout la même allure que d’habitude. Koundé, Upamecano et Saliba sont forfaits pour ce dernier rassemblement de la saison, or tous les trois sont devenus des titulaires indiscutables en sélection depuis l’Euro. Konaté, même s’il reste sur une prestation décevante en Croatie, n’aura pas trop de mal à endosser le costume de patron de la défense face à l’Espagne. Mais autour de lui, Didier Deschamps devra inévitablement innover.
« Est-ce qu’on est affaibli ? C’est factuel », souffle le sélectionneur. « Quand ça tombe face à une équipe d’Espagne avec un tel potentiel offensif, ce n’est pas idéal, mais je compte sur ceux qui sont là ». Il est ici question de Gusto, Pavard et Kalulu, qui se disputent sûrement la place de latéral droit au coup d’envoi, mais aussi de L. Hernandez et Lenglet, qui peuvent tous les deux faire équipe avec Konaté en charnière. A gauche, Digne a assuré lors de ses dernières apparitions, mais il faudra cette fois se coltiner un sacré client dans le couloir gauche…
L’Espagne confirme
Séduisant champion d’Europe en 2024, l’Espagne fait toujours forte impression du côté français. « Ils ont des joueurs extrêmement bons à tous les postes. Comme nous », sourit Rayan Cherki. Possession du ballon, percussion sur les ailes avec le duo Yamal-Williams, maîtrise des espaces, les champions d’Europe ont la recette pour faire tourner en bourrique leurs adversaires.
Mais le quart de finale face aux Pays-Bas, avec cinq buts encaissés et une qualification aux tirs au but, a mis au jour quelques largesses défensives. « On peut les faire souffrir lorsqu’on aura le ballon », appuie le défenseur Clément Lenglet. Malgré tout, peut-être pour s’ôter une forme de pression, Didier Deschamps qualifie la Roja de « meilleure équipe européenne ou mondiale, une équipe complète avec beaucoup de joueurs performants ».
Le chiffre : 7
L’Espagne est l’équipe qui a battu le plus souvent l’équipe de France au XXIe siècle (7 victoires, 1 nul, 3 défaites). C’est le seul adversaire à avoir gagné plus de la moitié de ses matches (64 %) contre les Bleus sur la période parmi les sélections affrontées plusieurs fois.