Football – Euro 2025 – “On ne s’est pas préparé pour rien” : après l’Angleterre, les Bleus en veulent encore plus

S’il ne fallait s’en tenir qu’aux confrontations directes, la France partait favorite contre l’Angleterre. Avec 13 victoires, 9 nuls et 5 défaites face aux Three Lionesses, les Bleues affichaient un bilan historique positif. Néanmoins, cette Angleterre avait toute la panoplie d’une équipe à surveiller comme le lait sur le feu. Championne d’Europe et vice-championne du monde, la formation anglaise sait comment gérer ses grands rendez-vous, en grande partie grâce à sa sélectionneuse chevronnée Sarina Weigman. Sur le banc des Pays-Bas puis de l’Angleterre, la technicienne batave a remporté les deux derniers Euros. Mais visiblement, l’expérience britannique n’a pas affecté les joueuses françaises, prêtes à renverser l’ordre établi.

Face à Lauren James et toute sa clique, les Bleues ont d’abord fait le dos rond pendant le premier quart d’heure de ce choc. Des sueurs froides dans une charnière centrale orpheline de sa capitaine Griedge Mbock et un but refusé à Alessia Russo en guise de dernier avertissement ont servi à déclencher la révolution française. En quatre minutes, les filles de Laurent Bonadei ont marqué deux fois pour bâtir leur succès en première période et se placer en position de force dans ce groupe D. “On savait qu’on était attendues sur ce match-là, rembobine la milieu de terrain Oriane Jean-François après la rencontre. Prendre les championnes en titre sur notre premier match, c’est un gros défi et ce n’était pas facile. (…) On est allé les chercher haut, nous avons été agressives et nous avons gagné nos duels. Défensivement, nous avons été appliquées”.

Bien entendu, il ne fallait pas s’attendre à ce que les réalisations de Marie-Antoinette Katoto et Sandy Baltimore restent sans réponse adverse. L’Angleterre est revenue en deuxième période avec la ferme intention de recoller au score, tandis que la France a pu compter sur sa profondeur de banc pour maintenir un niveau de jeu adéquat. Le triple changement à l’heure de jeu avec les entrées de Kadidiatou Diani, Melvine Malard et Clara Matéo a prouvé que l’équipe de France peut compter sur ses remplaçantes. Seul bémol à corriger pour la prochaine sortie : une fin de match trop tumultueuse sur le plan émotionnel. “Sur le banc, c’était stressant, confie Katoto. Il faut savourer cette victoire, mais nous devons rester tranquilles. Ce soir, nous nous en sortons très bien avec trois points. J’espère que ce succès va inciter de plus en plus de spectateurs à nous regarder et nous supporter”.

À vrai dire, voir la France gagner contre un favori à la victoire finale ne surprend plus vraiment. Lors de son Mondial en 2019, les Bleues avaient vaincu le mythique Brésil en huitièmes de finale avant de s’incliner face aux États-Unis en quarts. Lors de l’Euro 2022, la France avait éliminé les Pays-Bas, champions en titre, avant de perdre en demi-finale contre l’Allemagne. Puis lors de la première édition de la Ligue des Nations féminine en 2023-2024, la France prend sa revanche en demi-finale contre l’Allemagne… mais perd en finale contre l’Espagne. Ce qu’il manque à l’équipe de France féminine, c’est de se hisser en finale pour remporter un tournoi continental ou mondial, et enfin goûter au plaisir de soulever un trophée. “Cela ne reste que le premier match, il faut rester concentré sur les prochains, analysait à chaud la capitaine Sakina Karchaoui. La cohésion de l’équipe a fait du bien, à la fois dans les temps forts comme faibles. Les Anglaises étaient favorites de ce match. Aujourd’hui, cela prouve qu’on ne s’est pas préparé pour rien”.

Pour Bonadei, la mission débute avec brio en Suisse. Cela se vérifie par les chiffres, puisque la France a plus tiré (14 contre 12) et plus cadré (6 contre 2) que l’Angleterre dans le Letzigrund de Zürich. “C’est une belle victoire contre une grosse nation du football, résumait le sélectionneur national au micro de TF1. On a la balle du 3-0 avec Grace (Geyoro, NDLR), donc on aurait pu éviter cette fin de match délicate. Avec trois points, on se place bien dans le groupe avec l’Angleterre et les Pays-Bas qui vont s’affronter lors du prochain match, cela vaudra son pesant d’or. (…) De notre côté, on va bien se préparer pour le Pays de Galles”. En tout état de cause, cette prestation face aux Anglaises donne le ton d’une compétition où la France se donne les moyens de croire à son premier sacre européen, le 27 juillet prochain à Bâle. Encore faut-il ne pas connaître un jour sans.