Cette marina du Val-d’Oise sauvée du naufrage pour l’euro symbolique

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Tout le monde aurait pu se l’offrir.

Réunis la semaine passée en conseil communautaire, les élus de l’ex-Ville nouvelle ont voté à une écrasante majorité (57 oui, 8 abstentions) en faveur de l’acquisition par l’agglo de Cergy-Pontoise de Port Cergy. Montant de la transaction : l’euro symbolique.

Loin, très loin de l’estimation de 169 000 euros établie par la Direction générale des finances publiques. Scellée au terme de plusieurs mois de négociations serrées entre le propriétaire du site, la Chambre de commerce et d’industrie Paris-Ile-de-France, et la collectivité, l’opération comprend également une parcelle de 9 000 m2 nichée sur l’autre rive de l’Oise, là où devait être aménagé un terrain d’hivernage. Évaluée à 18 000 euros, elle a été vendue 2 700 euros.

Négociations serrées

Depuis décembre 2023, soit un peu plus d’un an, la marina sortie des eaux en 1990 était menacée de fermeture à la suite du désengagement annoncé d’une chambre de commerce mue par la volonté de se débarrasser d’un patrimoine qui « ne faisait plus partie de ses actifs stratégiques et dont le rendement espéré » n’était pas au rendez-vous. Le temps de dénicher un acquéreur, un premier sursis d’un an avait été négocié aux forceps par l’agglo. Puis, rallongé par un second de trois mois, jusqu’au 15 mars.

Un trimestre de répit pendant lequel le scénario du rachat s’est imposé à l’agglo de Cergy-Pontoise, faute de repreneur privé ou semi-public. Et pour cause. En proie à la saturation et entravée par une rentabilité trop fragile, la marina de 60 anneaux peine à attiser les convoitises. L’abandon en 2019 de Port Cergy 2, l’extension du domaine des bateaux, sur fond de vive contestation, n’a rien arrangé à l’affaire.

« Il est à l’équilibre mais nous ne ferons jamais de bénéfices avec Port Cergy. Ce port est trop petit », expliquait Jean-Paul Jeandon (Ps), le maire de Cergy et président de l’agglo cergypontaine, lors d’une réunion publique organisée à Cergy village début février.

Et de préciser : « On a négocié avec la Cci Paris-Île-de-France et on est parvenu à cette solution, il n’y en avait pas d’autres. Il était impossible que Port Cergy ferme. Pour l’attractivité touristique de Cergy-Pontoise, il était important que la puissance publique rachète ce port. La négociation a été serrée mais il n’y aura pas d’impact sur les impôts des Cergyssois et des Cergypontains. C’est une bonne négociation tant pour la Ville de Cergy que pour l’agglo de Cergy-Pontoise. Aucune entreprise privée n’était intéressée par le rachat de Port Cergy. »

« Il est d’intérêt pour le territoire de Cergy-Pontoise de pouvoir faire l’acquisition de cet équipement pour garder son attractivité, a confirmé Gilles Le Cam, vice-président au développement économique, lors du dernier conseil communautaire. Mais la cession ne suffit pas, il faut absolument garder l’exploitation par le gestionnaire Sodeports pour une période de 21 mois de manière à assurer la transition vers une exploitation que l’on confiera certainement à l’Office de tourisme de Cergy-Pontoise (chapeauté par l’agglo, ndlr). »

Des investissements à prévoir

Pour la quinzaine de plaisanciers domiciliés à l’année sur leurs bateaux ancrés au sein de la marina qui voisine avec Cergy village, l’heure est au soulagement. Eux qui refusaient de larguer les amarres et de regarder s’éloigner au loin Port Cergy, leur havre de paix aux faux airs de cité balnéaire lové dans la boucle de l’Oise, à l’abri du bruit et de la fureur, peuvent enfin respirer. L’eldorado de la communauté de l’anneau a échappé au pire.

Pour l’agglo de Cergy-Pontoise, une nouvelle ère s’ouvre. Elle ne sera pas neutre financièrement. Un écueil que n’a pas manqué de soulever Alexandre Pueyo (Lr), conseiller communautaire de Cergy.

« Il y aura des conséquences financières pour notre agglomération qui va porter la gestion du port, parce que si l’on veut qu’il vive, il faudra faire des investissements nécessaires à son entretien ».

Quelle stratégie ?

Une inquiétude partagée par Armand Payet (Horizons), conseiller communautaire de Cergy. « Si le coût d’acquisition est modeste, les coûts pour l’avenir sont importants. La situation du port soulève des questions sur les investissements à conduire et en particulier son désenvasement. On ne sait pas quels sont les volumes d’investissement rattachés à ce rachat ». L’élu a également exprimé un regret : « On se donne un outil sans avoir défini de stratégie, sans un plan d’action en matière de fluviale et de fluvestre ».

« L’agglo a travaillé sur une stratégie touristique où le tourisme fluvial apparaît comme l’un des éléments importants, a tenté de rassurer Jean-Paul Jeandon. Nous travaillons à ce que l’Office de tourisme puisse engager un vrai développement du tourisme fluvial. On en fera une présentation en conseil communautaire pour prouver que tout cela n’est pas sans stratégie. »

Stratégie ou pas, l’agglo n’avait pas d’autre choix que de racheter une marina dont personne ne voulait, sous peine d’assister, impuissante, à son naufrage.

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