À deux semaines de l’Euro, les nouvelles ambitions de la perchiste Marie-Julie Bonnin

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« J’avais dit que si je ne me qualifiais pas aux Jeux, j’arrêtais mes bêtises et je reprenais mes études. » C’est vrai, il ne faut pas être trop sage pour faire du saut à la perche. Marie-Julie Bonnin a su utiliser son grain de folie au bon moment, l’été dernier. Non seulement elle a obtenu son billet pour les Jeux, mais elle s’est qualifiée pour la finale, terminant 11e avec un saut à 4,60 m. Enfin, la difficile quête des minima, la pression des JO à domicile, les Championnats d’Europe ratés (éliminée en qualifications à Rome), tout ça s’est envolé.

Et depuis le début de l’hiver, la Bordelaise de 23 ans s’est laissé pousser des ailes. Le 11 janvier, elle réussissait 4,51 m au Dévoluy, sa meilleure rentrée, et elle n’a pas sauté moins haut depuis, portant son record absolu à 4,71 m à Roubaix samedi dernier. Il datait de juillet, à Sotteville-lès-Rouen.

« Après les Championnats de France, c’était le relâchement, ça m’a fait tellement du bien de me dire que j’allais être aux Jeux. J’ai pas dormi pendant deux jours, rembobinait-elle au téléphone, vendredi, avant de prendre l’avion pour Miramas. Et puis j’ai eu honte. Je ne pouvais pas aller aux Jeux Olympiques avec un record à 4,55 m, à la limite de passer en finale. C’était pas possible ! J’ai eu le déclic quatre jours après les France, à Sotteville. Je sais pas ce qu’il s’est passé, j’étais dans une espèce de flow. »

Le déclic mental combiné à la bonne perche, « ma perche d’amour, celle qui fonctionne à ces hauteurs-là », et les 4,70 m sont passés au premier essai. « Je me suis régalée, c’était full plaisir. »

« Faire un petit braquage en cette année post-olympique »

Depuis, Bonnin, entraînée à Bordeaux par l’ancien international Damiel Dossevi, se sent libérée, « j’ai moins peur de l’échec, de me blesser ». Cette régularité aux alentours de 4,60 m, c’est une première pour la sauteuse, plutôt coutumière des coups, des « braquages », comme elle dit malicieusement. En 2022, à l’Euro de Munich, personne ne l’attendait à la 6e place, avec 4,55 m, à 20 ans. C’est à partir de là que les JO sont devenus un objectif, alors que sa confiance se délitait sur les sautoirs, avant ce fameux meeting de Sotteville.

Ce socle de performances lui a donc permis d’aller se frotter au record de France de Ninon Chapelle (4,75 m), actuellement enceinte. « C’est un objectif qui me tient en haleine, affirme-t-elle. À chaque compétition, j’arrive avec les crocs, parce que je le veux. Il n’y a pas un moment où je me dis que je n’ai pas envie de sauter. »

Alors techniquement, il reste du travail. Bonnin ne s’y retrouve pas encore sur élan complet, progresse doucement sur son renversé, décolle d’un peu plus loin qu’avant, cherche encore à dérouler toutes les phases du saut.

« Je reste l’une des plus mauvaises techniquement, mais en même temps, une fois que je suis sur les bonnes perches, ça permet de gommer un petit peu l’écart avec les autres », analyse-t-elle.

Malgré le chantier actuel, Bonnin, 5e mondiale à deux athlètes par pays et 3e européenne, se verrait bien « faire un petit braquage en cette année post-olympique », à l’Euro d’Apeldoorn. Dans son école de management du sport, ils ne sont pas près de la revoir.



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