L’État est prêt à apporter une aide d’un euro pour un euro investi à l’usine chimique en difficulté Vencorex si l’offre de reprise déposée par d’anciens salariés est jugée viable économiquement par le tribunal, a indiqué mercredi le ministre de l’Industrie Marc Ferracci. «S’il y a une offre portée par quelque acteur que ce soit, notamment par les salariés, qui respecte le modèle économique de l’entreprise -Vencorex a besoin de 300 millions d’euros dans les prochaines années, c’est ce qu’une expertise indépendante, a dit- eh bien, nous mettrons un euro d’argent public pour un euro d’argent» privé investi, a déclaré le ministre sur Franceinfo.
Cette déclaration intervient à la veille de la décision attendue jeudi par le Tribunal de commerce de Lyon qui doit trancher sur l’avenir de l’usine chimique de Pont-de-Claix, près de Grenoble, menacée de liquidation. Des deux offres qui seront examinées, le ministre a estimé que celle venant du groupe chinois Wanhua «qui reprend une fraction très faible des salariés» n’est «évidemment pas satisfaisante». Ce scénario prévoit le maintien de 50 à 70 emplois sur les 300 que la société compte actuellement. «Les services de l’État ont appuyé, conseillé, et donné des opportunités au projet de reprise par les salariés pour trouver des partenaires industriels» a ajouté le ministre qui dit «attendre la formalisation» de cette offre.
«L’État peut apporter un soutien financier s’il y a un modèle économique pour l’entreprise», a dit le ministre (…) «à la fin c’est le Tribunal de Commerce qui décide». Baptisé CIRCEI (Coopérative industrielle de relance Chimie Electrochimie Isocyanate), le projet porté par deux anciens salariés et un entrepreneur local envisage la reprise totale des actifs corporels et incorporels de Vencorex, ainsi que 273 employés sur les 301 que compte désormais l’entreprise, après une première vague de licenciements en mars, au lieu de 450 initialement.
450 emplois en jeu
«Notre ambition est de créer une plateforme d’innovation chimique, de nombreuses entreprises pourraient venir s’installer sur le site et fonctionner clés en main», avait indiqué le 3 avril leur partenaire Olivier Six, PDG d’une entreprise d’ingénierie métallique voisine de Vencorex et élu d’opposition à Grenoble.
Le ministre qui avait refusé la nationalisation demandée par la CGT, a aussi souligné mardi que sur ce dossier, il s’agissait de 450 emplois en jeu, et non 5000, puisque «l’approvisionnement en sel» des entreprises clientes menacées par la faillite de Vencorex (qui produit le sel), avait été «sécurisé». «J’insiste sur ce point, il n’y a plus de risques de souveraineté» a dit le ministre. «Ce que ça veut dire, c’est que d’abord il n’y a pas 5000 emplois qui sont en jeu. Il y en a 450» a-t-il ajouté. En dépit de sa taille modeste, la faillite de Vencorex est un dossier emblématique des difficultés de l’industrie chimique française, au cœur de la chaîne industrielle. Ses principaux clients qui lui achètent le sel, sont dans le nucléaire ou le spatial.