L’euro numérique, bien que toujours au stade de projet, suscite déjà beaucoup d’inquiétudes et de méfiance de la part de nombreux acteurs du débat public. Nicolas Dupont-Aignan (président de Debout la France, triple candidat à l’élection présidentielle et déjà candidat pour celle de 2027), l’a par exemple décrite comme “la fin programmée de l’euro liquide” qui donnerait à la Banque centrale européenne (BCE) la capacité de “voler en cas de crise notre épargne”. Retour sur ce projet, et les questionnements qui en découlent.
Qu’est-ce que l’euro numérique ?
Comme l’a expliqué le site vie-publique.fr, l’euro existe actuellement sous deux formes : physique (billets, pièces….) et électronique, via les cartes de paiement ou les virements bancaires. Le projet de l’euro numérique consiste à créer une troisième forme, qui serait numérique, “accessible à tous ceux qui ne sont pas des banques commerciales (particuliers, entreprises, administrations)”. Le site précise que “l’euro numérique doit offrir un moyen de paiement digital sans utiliser de la monnaie commerciale. Il sera l’équivalent numérique du billet et des pièces, donc une monnaie banque centrale.” Cela signifie qu’il s’agirait d’un équivalent des billets émis par les banques centrales, mais sous une forme numérique.
Quand est-ce que cette monnaie pourrait être disponible ?
Depuis une conférence donnée par la présidente de la BCE, Christine Lagarde, en mars dernier, une information erronée circule, selon laquelle l’euro numérique sera disponible dès octobre 2025. C’est faux. La présidente de la BCE a déclaré pendant cet événement qu’une phase de réflexion liée à ce projet devrait s’achever à cette date, ce qui ne signifie pas que le projet serait alors mené à terme. La BCE a par ailleurs rappelé sur son compte X (anciennement Twitter), que “la décision d’émettre [l’euro numérique] ne sera envisagée qu’une fois la législation nécessaire adoptée”. Le directeur des études et de la surveillance des paiements de la Banque de France, Alexandre Stervinou, a d’ailleurs estimé auprès de l’Agence-France Presse (AFP) que “pour être capable d’émettre un euro numérique, si un jour on le fait, il va nous falloir plusieurs années”. Selon le directeur général des moyens de paiement de la Banque de France Erick Lacourrège, “ce sera probablement aux alentours de 2028-2030”.
L’euro numérique va-t-il remplacer l’argent liquide ?
Une vidéo TikTok virale dénonçait une loi pour “interdire l’argent liquide en France et en Europe”, afin de le remplacer par l’euro numérique. Il s’agit d’une fausse information, puisque la BCE a toujours présenté l’euro numérique comme un complément de l’argent liquide, et non un remplacement. De plus, aucune loi visant à interdire l’argent liquide n’a été débattue récemment.
L’euro numérique sera-t-il une cryptomonnaie ?
Non, l’euro numérique ne sera ni une cryptomonnaie, ni un cryptoactif. Comme le rappelle l’Autorité des marchés financiers, ces derniers sont des “actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain” et ne sont “pas une monnaie” qui reposerait sur “un tiers de confiance, comme une banque centrale”. Or, l’euro numérique sera, lui, une monnaie, pour laquelle la BCE représentera le tiers de confiance.