C’est Jermain Defoe qui le dit. Quand l’ancien international anglais a vu Mathys Tel inscrire à la 85e minute le troisième but de l’équipe de France Espoirs face au Danemark, envoyant ainsi les Bleuets en demi-finale de l’Euro 2025 en Slovaquie, il a immédiatement pensé à Thierry Henry.
Servi par Abline, l’autre Matthis de l’équipe, à l’entrée de la surface, Tel, Antillais comme Henry, a crocheté un défenseur pour se mettre sur son pied droit et enroulé sa frappe pour loger le ballon dans le petit filet d’Andreas Jungdal, le gardien danois. Un but “Thierry Henryesque” a qualifié Defoe. “C’est un geste que je travaille beaucoup à l’entraînement et que je maîtrise assez bien aujourd’hui. Dès que j’ai l’occasion de le faire, je le fais. Jusqu’à maintenant, ça me réussit bien” a acquiescé Tel sur la paternité de son but.
Par trois fois, le jeune avant-centre de Tottenham, 20 ans seulement mais “star” des Espoirs grâce à des débuts ébouriffants avec le Bayern Munich et ses deux transferts à plusieurs dizaines de millions d’euros, a pourtant buté sur Jungdal, en feu jusqu’à la 84e minute.
Trois occasions franches (10e, 37e, 69e) où Tel a tout bien fait, mais a vu ses tentatives repoussées une à une par le portier danois. “J’aurais pu faire mieux. Mais ça ne m’a pas fait douter. Je me suis dit tout de suite qu’il allait y en avoir d’autres. C’était important de garder cette lucidité pour pouvoir marquer” a-t-il analysé à froid.

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Tel est Tel : dans sa jeune carrière, forte de quatre saisons au plus haut niveau, l’attaquant a connu la lumière très vite, les attentes placées en lui, le doute tout aussi rapidement, quand son efficacité a fait défaut. “Ça m’a appris qu’il faut rester patient, garder la tête sur les épaules, et continuer de travailler, de pousser : à la fin on obtiendra quelque chose. C’est ce qu’il se passe ici avec les Espoirs ou ce qu’il s’est passé lors de ma saison à Tottenham“.
En échec au Bayern après y avoir brillé lors de ses débuts, Tel a été prêté cet hiver au club londonien où il a vécu, comme ses coéquipiers, un long chemin de croix en championnat, mais a finalement remporté la Ligue Europa face à Manchester United. Tel a rebondi, au point de devenir une semaine avant que ne débute l’Euro Espoirs la première recrue officielle de Thomas Frank, le nouvel entraineur de Tottenham, réputé pour faire progresser les jeunes joueurs. “Signer m’a retiré un poids et j’ai pu me concentrer à 100% sur l’Euro“, a-t-il assuré.
Un mental d’acier qui doit permettre, à ses coéquipiers et lui-même, de défier l’Allemagne, favorite de la compétition, mais usée par un quart de finale éprouvant face à l’Italie, remporté 3-2 après prolongation. “On y croit, on connait l’Allemagne, on les a déjà joués en match amical en début de saison. On est confiant. Au niveau mental, je pense qu’on est l’une des meilleures équipes de l’Euro. On sait que sur l’aspect psychologique, on peut prendre le dessus facilement. On l’a montré lors des matches précédents“.
Restait pourtant un point qui lui trottait dans la tête. Wilson Odobert, son partenaire à Tottenham, était “rentré dans (sa) tête” lors d’interminables parties de console de jeu, lui infligeant défaite sur défaite aux jeux de foot. “Il en est sorti. Et on va rejouer. J’ai vu que mes déclarations ont pris une tournure de fou sur les réseaux. Je dois défendre ma cause. On va jouer et j’en ferai une story” s’est-il défendu.

Mathys Tel
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Revigoré aux jeux vidéo, libéré par son transfert définitif à Tottenham, gonflé par la qualification des Bleuets en demi-finale de l’Euro, une première depuis 2019, Mathys Tel a retrouvé son efficacité à point nommé. Il veut aider ses coéquipiers à connaître le goût d’un titre de champion d’Europe, ce qu’il a déjà éprouvé avec les U17 en 2022 et Tottenham cette saison, des jours “magnifiques” qu’il souhaite à tous de vivre.